LECTURE D'UN TEXTE GREC : travail sur le schéma narratif et le repérage texte/traduction

 

L'Iliade d'Homère : les chevaux d'Achille chant XVII, vers 425- 460 55 ( traduction :Henri Tournier)

Les chevaux du char d’Achille perdent  au combat leur conducteur, Patrocle, l’ami d’Achille aux pieds légers. Leur chagrin est alors si fort qu’ils refusent d’avancer et se mettent à pleurer. Indiquer l'ordre correct du texte de la traduction (en majuscules) dans la colonne libre en vous aidant des noms de divinités, de lieux et de héros dans le texte grec.

χάλκεον οὐρανὸν ἷκε δι᾽ αἰθέρος ἀτρυγέτοιο·

ἵπποι δ᾽ Αἰακίδαο μάχης ἀπάνευθεν ἐόντες

κλαῖον, ἐπεὶ δὴ πρῶτα πυθέσθην ἡνιόχοιο

ἐν κονίῃσι πεσόντος ὑφ᾽ Ἕκτορος ἀνδροφόνοιο.

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A Le Cronide, à les voir se plaindre, prend pitié ;
Et secouant la tête, il se dit en lui-même :
"Las ! pourquoi vous donnai-je à messire Pélée,
Un mortel, vous que l'âge et la mort point ne touchent ?
Des malheureux humains vous faut-il les souffrances ?
De tout ce qui respire et marche sur la terre,
Rien n'existe qui soit plus douloureux que l'homme.

ἦ μὰν Αὐτομέδων Διώρεος ἄλκιμος υἱὸς

πολλὰ μὲν ἂρ μάστιγι θοῇ ἐπεμαίετο θείνων,

πολλὰ δὲ μειλιχίοισι προσηύδα, πολλὰ δ᾽ ἀρειῇ·

τὼ δ᾽ οὔτ᾽ ἂψ ἐπὶ νῆας ἐπὶ πλατὺν Ἑλλήσποντον

ἠθελέτην ἰέναι οὔτ᾽ ἐς πόλεμον μετ᾽ Ἀχαιούς,

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B Ils restent là, figés, tels la stèle immuable
Dressée sur le tombeau d'un homme ou d'une femme.
Avec le char splendide, ils restent immobiles,
Regard au sol rivé. En deuil de leur aurige,
De leurs yeux jusqu'au sol coulent de chaudes larmes,
Inondant leur crinière abondante et sans liens
Qui, de chaque côté, retombe sur le joug.

ἀλλ᾽ ὥς τε στήλη μένει ἔμπεδον, ἥ τ᾽ ἐπὶ τύμβῳ

ἀνέρος ἑστήκῃ τεθνηότος ἠὲ γυναικός,

ὣς μένον ἀσφαλέως περικαλλέα δίφρον ἔχοντες

οὔδει ἐνισκίμψαντε καρήατα· δάκρυα δέ σφι

θερμὰ κατὰ βλεφάρων χαμάδις ῥέε μυρομένοισιν

ἡνιόχοιο πόθῳ· θαλερὴ δ᾽ ἐμιαίνετο χαίτη

ζεύγλης ἐξεριποῦσα παρὰ ζυγὸν ἀμφοτέρωθεν.

3   C A ces mots, aux coursiers il insuffle la fougue ;
Eux secouent leur échine, en font choir la poussière,
Jusqu'aux Grecs et Troyens ils font voler le char ;
Automédon combat, en dépit du chagrin ;
Il lance ses coursiers, tel l'aigle fond sur l'oie...

μυρομένω δ᾽ ἄρα τώ γε ἰδὼν ἐλέησε Κρονίων,

κινήσας δὲ κάρη προτὶ ὃν μυθήσατο θυμόν·

ἆ δειλώ, τί σφῶϊ δόμεν Πηλῆϊ ἄνακτι

θνητῷ, ὑμεῖς δ᾽ ἐστὸν ἀγήρω τ᾽ ἀθανάτω τε;

ἦ ἵνα δυστήνοισι μετ᾽ ἀνδράσιν ἄλγε᾽ ἔχητον;

οὐ μὲν γάρ τί πού ἐστιν ὀϊζυρώτερον ἀνδρὸς

πάντων, ὅσσά τε γαῖαν ἔπι πνείει τε καὶ ἕρπει.

4   D Automédon, vaillant fils de Diorée, a beau
Les exciter sans cesse, à coups de fouet agile,
Soit flatter de la voix, soit lancer des menaces,
Tous deux ne veulent ni rentrer aux nefs des grecs,
Ni marcher au combat avec les Achéens.

ἀλλ᾽ οὐ μὰν ὑμῖν γε καὶ ἅρμασι δαιδαλέοισιν

Ἕκτωρ Πριαμίδης ἐποχήσεται· οὐ γὰρ ἐάσω.

ἦ οὐχ ἅλις ὡς καὶ τεύχε᾽ ἔχει καὶ ἐπεύχεται αὔτως;

σφῶϊν δ᾽ ἐν γούνεσσι βαλῶ μένος ἠδ᾽ ἐνὶ θυμῷ,

ὄφρα καὶ Αὐτομέδοντα σαώσετον ἐκ πολέμοιο

νῆας ἔπι γλαφυράς· ἔτι γάρ σφισι κῦδος ὀρέξω

κτείνειν, εἰς ὅ κε νῆας ἐϋσσέλμους ἀφίκωνται

δύῃ τ᾽ ἠέλιος καὶ ἐπὶ κνέφας ἱερὸν ἔλθῃ·

5   E Je ne permettrai pas du moins que vous conduise
Vous et votre beau char, Hector, fils de Priam.
Il suffit qu'il se glorifie d'avoir ses armes !"
En vous, en vos jarrets, je veux mettre la fougue
Pour pouvoir ramener indemne Automédon
Du combat jusqu'aux nefs. À Troie la gloire encore
De tuer, jusqu'au temps d'atteindre les navires,
Quand le soleil se couche et que vient l'ombre sainte.

ὣς εἰπὼν ἵπποισιν ἐνέπνευσεν μένος ἠΰ.

τὼ δ᾽ ἀπὸ χαιτάων κονίην οὖδας δὲ βαλόντε

ῥίμφα φέρον θοὸν ἅρμα μετὰ Τρῶας καὶ Ἀχαιούς.

τοῖσι δ᾽ ἐπ᾽ Αὐτομέδων μάχετ᾽ ἀχνύμενός περ ἑταίρου

ἵπποις ἀΐσσων ὥς τ᾽ αἰγυπιὸς μετὰ χῆνας·

6   F Tandis qu'ils combattaient et que le choc du fer
Montait aux cieux d'airain par l'espace infini,
A l'écart des combats, les cavales d'Achille
Pleurent, dès qu'elles voient tomber dans la poussière
L'aurige, sous les coups du redoutable Hector.